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6 novembre 2009

Rituel d'Occlumancie - partie 6

Logan la regardait faire, parfois, sans tenter quoi que ce soit. Elle devait comprendre seule et il était inutile de l'attaquer et de la blesser alors qu'il savait qu'elle avait tort. Quand elle fatiguait et qu'elle trouvait une nouvelle idée improbable, comme quand elle lui avait parlé d'un parking souterrain, il se contentait d'un non. Elle allait s'épuiser à chercher de cette manière, et elle finirait par arrêter d'elle même. C'est ce qu'il attendait, et ce qui se produisit. Elle en eu marre. Marre de ne pas trouver, marre de ne plus avoir d'idée, marre de tout. Elle ne voulait plus se casser la tête là dessus, parce que ça n'avançait pas. Elle y avait passé deux mois, deux longs mois, mais il n'y avait rien. Rien du tout. Alors elle avait expliqué à son mentor qu'elle allait faire une pause. Il l'avait laissée faire. Niallàn s'était éloignée de l'appartement moldu et penchée de nouveau sur ses études avec plus d'intérêt. Malgré les difficultés qui ne s'estompaient pas, malgré Cad toujours absent, toujours traqué, elle s'y habituait. Elle avait passé tant de temps avec Logan, à travailler, qu'elle en oubliait presque le reste. Et c'était idiot, c'était pour le reste qu'elle faisait tout ça. Il lui fallut trois jours pour revenir vers son mentor. Trois jours et une nouvelle lettre pour ses parents. La deuxième depuis le début. Elle avait voulu reprendre sa vie, mais ça ne fonctionnait pas. Elle commençait à se perdre, et elle refusait de le faire avant d'avoir réussi. Parce qu'elle ne voulait pas faire tout ça pour rien. Parce que ça lui occupait l'esprit et que c'était utile. Trois jours pour réaliser ce qu'elle oubliait peu à peu. Elle voulait être utile, pas comme une adolescente qui ne trouve plus sa place, mais comme une adulte, un membre d'une organisation résistante. Elle luttait. Pour les autres. Pour sa soeur. Elle ne savait plus trop, à vrai dire. Deux mois, et la situation n'avait presque pas changé. Pourtant elle n'arrivait plus à être aussi malheureuse qu'au début. Elle n'arrivait plus à se battre comme au début. Pas qu'elle se décourage, mais elle était habituée à cette atmosphère étrange qui régnait depuis janvier. Elle était redevenue celle du premier semestre, à ceci près qu'aujourd'hui, il y avait les fuyards et plus de blessés. Elle ne savait plus. Plus rien. Elle était perdue. Mais elle reprit doucement, persuadée qu'elle ne devait simplement pas arrêter. Elle se concentrait sur ses pensées, laissant de côté la forteresse. A défaut d'avancer, il n'était pas question de perdre du terrain. Et elle essaya de comprendre ce qui se passait. Elle avait l'impression d'avoir tout perdu. Elle passait de nouveau plus de temps avec Prudence, étudiait. Elle passait du temps avec Deryn. Tout était moins dur. Et c'en était horrible. Elle ne comprenait pas. Elle avait peur d'être de nouveau figée alors que les autres avançaient. Et ça la paralysait. Elle savait que rien n'était normal, mais elle ne parvenait plus à y trouver quoi que ce soit de gênant. En deux mois, elle avait l'impression d'avoir totalement tourné la page, et c'était inconcevable. De nouveau, elle arrêta. Elle travailla avec sérieux, et continua, sans s'intéresser à ce qu'elle faisait. Elle était perdue. Logan aurait bien pu entrer dans sa tête à nouveau, elle n'aurait pas réagi. Elle avait pleuré tout ce qu'elle avait pu, juste après la bataille, parce que son esprit était trop plein, et maintenant il était vide. Elle avait perdu. Comme pour tout, il lui fallut un peu de temps pour reprendre ses esprits. Elle avait cessé de voir Logan, cessé de travailler sur les mystères de son esprit. Elle ne voulait plus rien faire. Plus rien voir. Tout était parti, et elle ne voyait pas pourquoi elle continuerait à se torturer sans aucune raison. Quand Prudence lui avait demandé ce qui n'allait pas, elle l'avait renvoyé bouler. Quand Deryn avait pris le relai, elle avait simplement éviter d'y répondre réellement, se contentant de la rassurer d'un sourire. Il n'y avait rien. Des jours entiers qu'il n'y avait rien. Et si sa soeur n'était pas dupe, si le sourire ne suffisait pas, elle avait au moins cessé d'afficher son inquiétude. Niallàn se trouvait minable, et il était hors de question que sa soeur sache ça. Hors de question qu'elle réalise à quel point sa petite soeur était inhumaine. Elle la détesterait, la mépriserait. Et Niallàn avait envie de vomir. Une nausée constante qui ne la lâchait plus, et avec laquelle elle composait. Elle n'avait pas le choix. Elle était seule et n'était plus rien, n'avait plus rien. Elle avait lu dans le bouquin d'Enaides que c'était une possibilité. Un risque. L'occlumens en devenir pouvait se perdre dans les méandres de son esprit, s'égarer à en devenir fou. C'était son cas, à peu de chose près. Elle perdait la raison. Elle était comme Alice, elle tombait, tombait... Elle dégringolait dans un lieu étrange connu d'elle seule. Elle soupira. Pour commencer à s'imaginer ce genre de choses, c'était certain, elle n'avait plus toute sa tête. Et elle devait faire quoi ? Comment ? Par quel bout devait-elle prendre ce fichu problème ? Et pourquoi, mais pourquoi avait-elle soudain envie de recommencer, avec la conviction que cette fois-ci, elle pouvait le faire ? Pourquoi parvenait-elle à penser à ses forteresses ? Elle était de nouveau épuisée. Comme au début. Tout allait trop vite. Elle allait mieux, puis elle déprimait, puis elle se sentait triompher... Et tout ça en seulement deux semaines. Le huit mars exactement, elle parvenait à cette conclusion. Elle devait recommencer. Mais pour quoi faire ? Elle était anormale. Voilà. Assise au fond du bus qui la menait chez Logan, alors qu'elle n'avait cessé de se dire qu'elle devait prendre plus de temps, elle s'autorisa un sourire. Elle résolvait les choses d'une telle façon qu'elle en était parfois effrayante. Prudence le lui avait souvent dit et même Aedd, son cousin qui s'intéressait à elle quand il n'avait rien de mieux à faire. Elle devait faire ça, toujours. Dès que c'était trop important. Et c'était aujourd'hui une des choses les plus dures qu'elle avait eu à vivre. Finalement, elle en ressentait encore bien les conséquences, de cette attaque. Quand Logan lui ouvrit, elle l'enlaça sans se poser de question, heureuse de le revoir et de retrouver tout ce qu'il représentait. Il la laissa faire, comme toujours. Il ne fit aucun commentaire, ne lui dit même pas qu'il savait qu'elle reviendrait. Il l'écouta, la conseilla et la rassura. Il lui expliqua qu'elle devait allait moins vite, sinon elle ne s'en sortirait jamais, et il espaça les cours, au grand désespoir de l'étudiante. Une façon de la forcer à ne pas rompre le contact avec le monde extérieur, de l'obliger à faire autre chose que de l'occlumancie. Elle pouvait passer à l'appartement, mais pour travailler ses cours uniquement. Sinon il espacerait encore les rendez vous consacrés à l'art de l'esprit. Niallàn accepta, elle n'avait pas le choix. Elle cessa de prendre pour forteresse tout et n'importe quoi. Parce que c'était trop pénible, trop éprouvant. Parce qu'elle avait retenu la leçon, et qu'elle avait bien l'intention de s'en sortir indemne. Logan avait passé suffisamment de temps à lui expliquer qu'elle n'était pas folle pour qu'elle fasse attention. Alors elle était devenue plus sélective, avait abordé le problème différemment. Elle avait délaissé tout ce qui ressemblait de près ou de loin à des murs. Chercher des parois pour délimiter son esprit n'avait aucun intérêt. Elle devait se concentrer sur le sens des choses, pas leur image. Alors elle avait pensé à des ruines. C'était ce qui s'apparentait le plus à l'organisation de son esprit depuis qu'elle avait commencé son apprentissage. D'après elle, les ruines lui permettraient de dissimuler idées et souvenirs dans un amas de pierres et de végétation. L'idée lui avait parue excellente, et même Logan avait semblé croire à cette idée, sans chercher à masquer son étonnement. Elle s'était réellement ressaisie, elle était plus calme, elle semblait savoir où elle voulait. Et l'intrusion du légilimens dans son esprit, lui montrant qu'elle s'était encore trompée, l'avait moins amochée. C'était toujours pénible, mais compréhensible. Elle pouvait raisonner la douleur, l'analyser. L'intrusion lui semblait moins barbare et son échec ne la découragea pas. Il suffisait de recommencer, encore, toujours. Le temps passait, et Niallàn continuait ses recherches, déterminée. Tendre son esprit dans un sens bien défini, le laisser atteindre son objectif, sa prison. Laisser ses pensées se détacher de sa mémoire pour les protéger, ne plus les attirer dans leur chute. Et trouver le refuge idéale. Ce qui ne serait qu'a elle, ce qui serait elle. Quelque chose d'ultime, de monumental. De l'eau. L'idée l'étonna, lui faisant perdre toute concentration. Comme si l'eau pouvait faire quelque chose pour elle. L'eau détruisait, ravageait. L'eau vous rendait malade. Raz-de-marées, déluges. L'eau était néfaste, point. Et qu'on ne vienne pas lui dire que l'eau était nécessaire, qu'elle était la vie. L'eau était... de l'eau, elle n'avait pas à expliquer le dégoût que lui inspirait la pluie depuis toute petite. Ses efforts pour cacher ses frayeurs se faisaient de plus en plus vains, ses réactions étant toujours plus forte. L'eau, c'était l'ennemi numéro un. Et pourtant, c'était la meilleure idée qu'elle avait eue jusque là. Plus fort que les ruines. L'eau vous noyait, vous écrasait. Vous faisait disparaître. L'eau avait toujours été un élément offensif par sa violence et ses méfaits. Mais la violence pouvait aussi être une bonne chose, il n'y avait qu'à voir avec la légilimencie de Deryn, ou même de Logan, qui blessait son élève pour lui permettre de se construire convenablement. Si l'eau brisait des barrages, s'infiltrant sans mal dans la moindre fissure, elle pouvait être un rempart naturel. N'avait-on pas utilisé certaines îles pour y abandonner des prisonniers ? Et puis à une plus petite échelle, il fallait la voir elle face à l'eau. Comme quand Josh l'avait secourue, la découvrant plaquée contre un mur de peur d'être mouillée... L'eau était dense, elle vous dissimulait n'importe quoi sans peine. Elle pouvait prendre plusieurs formes : neige, brouillard, glace, pluie. Laisser l'eau pénétrer son esprit, c'était le meilleur moyen de se protéger. Et si l'idée d'avoir pour forteresse l'élément qui la terrorisait ne lui plaisait pas vraiment, elle admettait que son idée n'était pas mauvaise. Et puis c'était de l'eau métaphorique, celle-ci ne la mouillerait pas... Alors elle allait y arriver. Elle avait fait les choses bien, assuré à Logan qu'elle n'aurait pas besoin de lui (le lui avait promis, même), si bien qu'il avait consenti à la laisser seule à l'appartement. Et elle avait testé sa forteresse. Elle avait d'abord commencé par vider totalement son esprit. Elle parvenait à maîtriser ses émotions sans trop de peine maintenant, et ses tentatives avec les ruines lui avaient permis de comprendre comment elle devait se protéger. Elle avait tendu son esprit vers l'abri, avait laissé l'eau l'imprégner. Elle avait imaginé une première vague d'eau de mer frôler son esprit et se retirer lorsqu'elle perdit toute concentration, la laissant nauséeuse et tremblante.
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